114. Une nuit parfaite en station service (POLOGNE)
Pour bien des raisons la Pologne est une nation à part en Europe. L’une d’entre elles est sa proximité culturelle avec l’orient. Je la situe à un carrefour symbolique entre l’orient et l’occident, prenant à chacun des mondes ce qu’il possède de plus grand et de plus noble. Cette grandeur orientale, je l’ai expérimentée dans une simple station service sur le bord de la route 94.
Un directeur de station généreux !
Wrocław est derrière moi, je roule depuis 90 kilomètres. Assez roulé pour anticiper raisonnablement encore deux jours de route jusqu’à Dresde. La station service sur la route est pile au bon endroit pour envisager la fin de l’étape du jour.
Je pose mon vélo, pénètre dans la boutique et demande si je peux camper à l’arrière de leur magasin. Premier étonnement, tous les employés sont souriants. Ils auraient presque l’air heureux de me voir. Le patron arrive et me confirme que je suis le bienvenu.
Ravi, je pose mes quartiers, plante ma tente et fais discrètement ma toilette à l’abri partiel de ma tente. Tout juste, ai-je eu le temps de me laver que le patron vient me voir et m’explique avec un regard d’une rare bienveillance que je peux me servir de thé et café gratuitement autant que je veux, il ajoute que je n’ai qu’à demander à ses employés, ils sont au courant. Il me dit alors qu’il doit partir et laisser la station à l’équipe de nuit. Il me fait ses adieux en me souhaitant bonne chance.
Sur le moment je n’étais pas sûr d’avoir bien compris, ça semblait trop beau pour être vrai… et puis on est en Europe, c’est fini le délire iranien ! Propre et frais, je retourne dans la boutique pour en avoir le cœur net. Ils me reconnaissent, m’accueillent tous avec un grand sourire et me proposent immédiatement un thé. J’accepte et un jeune employé vient me l’apporter.
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Comme un air d’orient dans une station service polonaise
Cette générosité, cette gentillesse, ce sentiment de sécurité et d’amitié… Tout ça me dit quelque chose. Je crois alors entendre au loin l’appel à la prière dans des hauts parleurs saturés, et des senteurs épicées chatouillent mes narines… non, ça n’est que mon imagination qui a confondu mémoire et réalité.
La bonté de ces gens a créé en moi une sorte de dissonance cognitive désorientant tous mes sens, je suis en Iran, je suis en Turquie, je suis au Tadjikistan, je ne sais plus où je suis. Ma nuit sera douce et bercée par ces réminiscences sucrées.
C’est bel et bien la première fois que l’on m’offre le thĂ© sur ma route en Europe et ça sera aussi la dernière.
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