105. Mes bonnes actions sur la route (UKRAINE)

Ne pas être un parasite, un nomade égoïste qui voyage pour lui-même, qui prend sans rien donner. Ne pas tomber dans ce piège. Poser une petite pierre sur l’édifice des peuples traversés. Offrir des bonnes actions.

Qu’ai-je fait pour rendre ce qu’on m’a offert ?


Ma modeste contribution au monde

Ce que j’ai donné ? J’ai donné des cours de géographie à des enfants dans la Lorraine et des cours d’anglais à deux classes iraniennes, j’ai donné un peu de ma crème solaire à une femme en Anatolie, j’ai donné un paquet de gâteaux à un enfant afghan à Aksaray, j’ai gardé un bébé au sud de Stuttgart, offert un shooting photo à un serveur kurde un peu narcissique, j’ai préparé un festin de crêpes à mes amis de Munster, cuisiné des pâtes bolognaises à Budapest et à Ispahan, aidé un iranien à étudier un texte anglais à Shiraz, sauvé un jeune turc du feu de la géhenne en lui faisant réciter un “Je vous salue Marie”, dessiné le portrait d’un jeune turc près de Malatya, cherché à alerter un gendarme de la présence d’un chien enragé dans des grottes de Cappadoce, j’ai supporté successivement les équipes ennemies de Galatasaray et de Fenerbahçe selon mon entourage, et j’ai la présomption de penser que j’ai fait rêver des centaines de personnes et donné de l’espoir à tout autant. Les nombreux messages d’amour humain que j’ai reçu sur ma route me poussent à y croire.


croix sur la route en Ukraine
Sous le regard des autorités…

Mes bonnes actions du jour

Et en ce jour de route Ukrainienne, j’ai eu deux occasions inespérées d’apporter ma modeste contribution.

Première bonne action : j’ai remarqué en roulant de la fumée qui se dégageait du gazon qui tapissait le rebord de l’autre côté de la route. Je me suis arrêté, j’ai traversé prudemment l’autoroute et j’ai constaté plusieurs départs de feu dans les broussailles, qui s’orientaient dangereusement vers les arbres, puis la forêt… puis les villages.

Ce n’était pas encore très vif, et quelques étouffements de flammes à coups de semelles ont suffi, mais trois bons mètres carrés étaient déjà calcinés et je pense que les conséquences auraient pu être assez lourdes. 


Deuxième bonne action : j’observais sur l’autoroute trois grosses bûches de bois perdue au milieu de la file du milieu. Les véhicules les évitaient jusqu’ici, mais ça n’allait peut-être pas durer toute la journée. J’ai stoppé ma course, je me suis aventuré au milieu du trafic, et je les ai jetées sur le bas côté de la route. 

Rien de très glorieux, mais sur le coup j’étais assez fier d’avoir ces deux humbles bonnes actions à me mettre sous la dent. Je me sentais un peu moins vermine inutile.

bivouac de cyclotouriste en ukraine
Le lieu de bivouac du soir après ces bonnes actions !

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