2. L’autre France (Marne / FRANCE)

Je n’ai pas eu la chance de faire mon service militaire, les conséquences en seront multiples. Au delà de ce que l’on sait déjà sur le service militaire, ce manquement à mon éducation aura conditionné une très pauvre connaissance du peuple français. Non, la France n’est pas uniquement constituée d’une certaine bourgeoisie parisienne lettrée et égocentrée ou de bobos un peu prétentieux hésitants entre l’autoflagellation et l’autosuffisance. La France c’est aussi et surtout celle des zones oubliées. Le service obligatoire aurait été la seule opportunité pour moi, petit parisien étroit, d’échanger et partager avec d’autres jeunes de milieux radicalement opposés sans que nos rapports soient faussés par les codes vestimentaires. Quelle perte pour la cohésion nationale ! Nous sommes plus que jamais cloîtrés entre nous et nous ne nous parlons plus ou bien uniquement protégés derrière un mur de rapports hiérarchiques. Sur les balbutiements de mon voyage, je me suis déjà senti à l’autre bout du monde. Leur vie est à des années lumière de la mienne.

 

J’ai dans ma petite mémoire trois rencontres, trois beaux symboles de ce qu’est cette France pauvre mais parfois lumineuse, faible mais toujours battante. Ces trois rencontres ont eu lieu en seulement 24 heures. 24 heures d’une rare intensité, extrêmement éprouvantes pour le corps et pour la tête. Une période qui m’a fait ressentir ce qu’est véritablement la solitude et le mal-être. Peut être la pire journée de mon voyage, ce n’était pourtant que le quatrième jour.

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