39. Trois femmes perses (Tabriz / IRAN)

Trois stéréotypes perses

Après avoir étudié de petits échantillons d’hommes, place aux femmes. J’ai dîné dans un beau restaurant de Tabriz avec Masi et deux de ses amies. Trois femmes d’une trentaine d’années, trois amies d’enfance aux parcours radicalement différents. Chacune représentait symboliquement les trois stéréotypes féminins d’Iran.

La traditionnelle

La première, Fariba, porte le voile haut, laissant subtilement apparaître 5 centimètres de sa chevelure châtain. C’est la seule mariée. Elle a une notion beaucoup plus traditionnelle de la vie, de la famille et de la religion. En bonne épouse aimante, elle fera toujours tout pour demeurer désirable aux yeux de son mari. Elle a usé sans honte de la chirurgie esthétique pour affiner son nez et épaissir légèrement ses lèvres. Elle abuse du maquillage, et malgré tous ses efforts elle n’est pas si jolie. Son niveau d’anglais est bien plus faible que les deux autres, elle n’a pas fait autant d’études que ses amies. Mais elle n’a pas besoin, elle a son mari. Elle est très adaptée à la vie iranienne et ne semble pas se poser beaucoup de questions sauf celles qui concernent les quelques problèmes de comportements de son mari un peu violent parfois.

Celle qui espère

La deuxième, c’est mon amie Masi. Elle porte le voile un peu plus bas, et le laisse souvent négligemment tomber avant de le remettre docilement. Elle n’est pas encore mariée et n’a personne dans sa vie mais semble en souffrir. On sent qu’elle aimerait définitivement régler ce problème qui doit la suivre de plus en plus. Elle doit faire face à la pression familiale et même des amis. Ca ne l’aide pas, bien au contraire… elle se met une pression supplémentaire et perds sa spontanéité. Pourtant elle a tout pour elle, Masi. Elle est naturellement belle, elle est intelligente, cultivée, une forte personnalité et de l’humour. Perdue entre ce qu’elle est et ce que lui dicte la société iranienne et le regard du “voisin”, elle n’est pas tout à fait à sa place. Elle voudrait se libérer mais elle n’en a pas les moyens, ou pas le courage.

L’occidentale

La troisième, Elmira, ne porte pas du tout le voile. Il est posé sur ses épaules, prêt à être remis en cas de présence policière. Elle est née ici mais est partie assez tôt pour étudier au Canada, poussée par ses parents. Elle y vit et y travaille en tant qu’architecte. Elle n’est pas mariée mais semble enchaîner les expériences à l’occidentale. Elle n’est pas si belle mais sa confiance, son charisme et sa liberté lui confèrent un certain charme. Elle s’exprime dans un anglais très américain qui lui donne une personnalité très exaltée et enthousiaste. Elle est en apparence plus heureuse que les deux autres et se voit difficilement retourner en Iran. Elle a trop absorbé de culture occidentale pour pouvoir apprécier à nouveau le mode de vie traditionnel iranien.

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