51. Un rêve vieux de 30 ans (Bafq / IRAN)
Après une journée mouvementée, nous rentrons dans la soirée chez Hedayat le cœur léger. Nous nous souvenons qu’il nous avait proposé de nous emmener voir le désert de dunes de Bafq. Avenants, nous lui reparlons de ce plan. Beaucoup plus sérieux que d’habitude, il nous donne son prix… pour lui les affaires commencent. Dans le principe ça nous dérange qu’un couchsurfer se mue en guide touristique tarifé, mais c’est l’occasion inespérée de voir enfin un vrai désert de dunes en Iran. On accepte donc le deal et on se souhaite bonne nuit.

Départ pour le désert de dunes en Iran
Nous partons le lendemain en début d’après-midi pour les dunes non sans avoir fait quelques courses pour pique-niquer sur place. Nous traversons un désert déjà magnifique, et bifurquons au nord de Bafq à une centaine de kilomètres à l’est de Yazd. Désormais, Hedayat nous sert de chauffeur, ni plus ni moins. Il ne parle plus et a perdu sa vraie fausse bonne humeur. Le rapport à l’argent détruit bel et bien la vérité des rapports humains. Il tue la joie, la spontanéité, la chaleur. Hedayat est devenu une machine sans âme en pleine mission.

De notre côté, nous profitons de l’instant. La route laisse peu à peu apparaître les dunes tant rêvées. Hedayat se gare sur le bas côté de la route et nous laisse y aller tous seuls. Nous avons plus que jamais l’impression d’être avec un guide touristique, mais ça n’a plus d’importance.
Quand un rêve de 30 ans se réalise
Les dunes sont là, devant nous, elles nous tendent les bras. J’enlève mes chaussures et je cours comme un enfant sur ce sable chaud de plus en plus meuble.

À mesure que nous avançons sur les dunes, véritables petites collines à escalader, nous découvrons une vue féérique, inespérée, unique. En haut de la dune la plus haute, se dévoile à nos yeux le soleil couchant éclairant de sa lumière orange des centaines d’autres monticules de sable. On s’assied là, sur la crête, sans rien dire, et je commence à comprendre que je suis tout simplement en train de réaliser un rêve qui m’animait depuis mes 5 ans.

Peut-être mon plus ancien rêve de gamin. J’ai pourtant beaucoup voyagé, j’en ai vu des paysages de toutes sortes, j’ai vu des déserts sans dunes et j’ai vu des dunes sans désert. C’est maintenant fait, les voilà réunies dans ce désert en Iran. L’émotion est à son comble, et rien ne vient déranger cette béatitude, pas un bruit, il n’y a que nous, le soleil, le sable et le vent. Mathieu et moi étions absolument seuls dans ce cadre féerique.

En Iran, un désert hostile
Ne sous-estimons tout de même pas les dangers de cet endroit hostile, l’air est extrêmement sec et marcher dans le sable mou demande deux fois plus d’efforts. Après 30 minutes sans eau dans ce désert d’Iran, les lèvres sont déjà desséchées et la gorge commence à manquer de salive pour s’hydrater. Tout le corps est alors concentré sur un seul et même objectif clair : boire ! Et dès que le vent se lève, le sable si doux et agréable au pied se transforme en des millions de mini projectiles qui fouettent le visage en une multitude de micro-piqûres et pénètre généreusement dans les vêtements, les yeux et la bouche. “On comprend mieux l’accoutrement des bédouins”, me disait Mathieu.
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