85. De Douchanbé à Och (KIRGHIZISTAN)

Me voilà à nouveau à Douchanbé. L’objectif principal de cette étape, hormis l’achat de nourritures, est de trouver un moyen de transport pour le Kirghizistan, et de préférence directement pour Och.

On m’a conseillĂ© d’ambitionner plus modestement Isfara, Ă  la frontière, ce qui est dĂ©jĂ  pas mal en une journĂ©e, mais je prĂ©fère viser le plus loin possible, on verra bien oĂą ça me mène. 

D’abord, un taxi pour Isfara

Je renfourche ma monture et roule une quinzaine de kilomètres dans Douchanbé jusqu’à la station de taxis.

Dans ces pays-lĂ  si le rĂ©seau de transports est absolument chaotique, il est très complet. On peut trouver des dizaines de taxis partagĂ©s qui vont, pour des prix très raisonnables, dans toutes les directions possibles. Et mĂŞme pas besoin de chercher. Il suffit d’arriver sur place pour se faire harceler de rabatteurs nous citant tous les noms de villes possibles dans l’espoir de tomber sur celle qui m’intĂ©resse.

Ce fut donc finalement très facile de trouver un taxi qui allait Ă  Isfara. Une fois le prix nĂ©gociĂ©, je charge mon vĂ©lo et mes sacs et j’attends une bonne heure Ă  l’ombre des arbres accompagnĂ© de l’un des occupants du taxi qui semblait heureux de passer ce temps en ma prĂ©sence, malgrĂ© la barrière de la langue.

taxi asie centrale

Il me raconte sa vie, je ne comprends pas, il comprend que je ne comprends pas… il continue à me parler. Une oreille qui écoute et ne comprends pas s’apprécie parfois plus qu’une oreille qui entend et qui juge.

Bagarre entre taxis

Pour faciliter cette attente, j’ai assistĂ© Ă  une petite bagarre entre chauffeurs de taxi qui a tout de mĂŞme durĂ© une bonne dizaine de minutes et qui a eu l’avantage d’animer un peu cette attente ennuyeuse et de faire bien rire les spectateurs de la scène (taxis, clients).

Ici on ne s’inquiète pas beaucoup de ces choses-lĂ  tout est pris plus ou moins Ă  la lĂ©gère. « Une bagarre ça n’est rien de bien mĂ©chant, après tout. N’a-t-on pas un toit oĂą dormir, une famille que l’on aime et de quoi la nourrir ? Ă€ cĂ´tĂ© de tout cela, partager quelques crochets et coups de pieds sous le coup de l’Ă©nervement ça ne tue personne et ça Ă©vacue les tensions. » voilĂ  ce qui semblait se passer dans la tĂŞte de certains spectateurs amusĂ©s.

Nous avons fini par trouver les deux autres passagers pour remplir la voiture et nous sommes partis.

Sur la route, au dĂ©but des montages j’ai assistĂ© Ă  une scène assez Ă©tonnante. La voiture s’est arrĂŞtĂ©e sur la route, devant 3 enfants de 5 Ă  8 ans, et un passager Ă  sorti des gros sacs de pâtes et des bouteilles d’huile de 10 litres, les a pesĂ©s et vendu aux enfants, qui avaient du mal Ă  porter ces sacs qui faisaient Ă  peu près leur poids. La voiture c’est transformĂ©e en marchand ambulant en l’espace de 3 minutes.

Cap sur le Kirghizistan et Och

Au milieu de la route, nous nous sommes arrĂŞtĂ© pour une bonne pause dĂ©jeuner dans un restaurant rempli de routiers tadjiks. Je me suis assis Ă  la table de mes compagnons de route, ils ont dĂ©licatement veillĂ© Ă  ce que je ne manque de rien et ont insistĂ© pour que je fasse la prière avec eux Ă  la fin du repas. C’Ă©tait la mĂŞme que chez mes amis les villageois, j’Ă©tais donc habituĂ© et je me suis mĂŞme surpris Ă  faire les gestes rituels de manière machinale comme un musulman aguerri. Que personne ne se mĂ©prenne, je suis toujours chrĂ©tien ! 

route tadjikistan
sur la route, dans les montagnes tadjikes

Ă€ notre arrivĂ©e Ă  Isfara le chauffeur s’est violemment disputĂ© avec l’un des clients du taxi qui ne voulait pas payer le prix nĂ©gociĂ© avant le dĂ©part.

Changement de taxi : Isfara / Och

Dans la voiture j’avais sympathisĂ© avec un jeune homme qui parlait anglais et visait lui aussi Och. Nous nous sommes donc arrangĂ© pour prendre le mĂŞme taxi de Isfara Ă  Och. C’Ă©tait inespĂ©rĂ© pour moi, car ça me faisait arriver Ă  Och un jour plus tĂ´t que prĂ©vu.

route kirghizistan
route kirghizistan

Nous sommes arrivĂ©s vers minuit, le taxi m’a aidĂ© Ă  trouver une auberge, et je me suis couchĂ© vers 1h du matin. J’ai rĂ©ussi Ă  faire DouchanbĂ© (Tadjikistan) / Och (Kirghizistan) dans la journĂ©e !

Des retrouvailles Ă  Och

Och, Kirghizistan. Toujours encore plus synchronisé par la force du hasard avec l’ami Aldo, nous nous y retrouvons.

marché och
le marchĂ© d’Och
och
och
La vue sur Och depuis la colline

Lui après une semaine de route du Pamir à moto et moi dans le même temps au cours d’un chaotique, mais inoubliable aller-retour.

Décidément, on ne peut plus de quitter. On échange nos expériences et partageons de nouveaux souvenirs, puis repartons chacun sur notre chemin le cœur rempli de cette étrange certitude confiante que nos routes vont se recroiser. C’est une évidence.

Parfois, ce qui doit avoir lieu défie les lois de la logique.

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