Shiraz est derrière moi, Mathieu aussi. Mon départ pour la capitale iranienne a été l’objet de déchirants adieux, j’ai donc noyé ma peine chez ma famille de Téhéran. Reposé et ressourcé, j’étais prêt à repartir pour Babol et le mont Damavand.
Bienvenue à Babol, nord de l’Iran. Ville assez riche située à mi-chemin entre le mont Damavand et la Mer Caspienne, contribuant à faire de cette région un petit paradis fertile et très densément peuplé jouissant d’un climat tempéré et humide.
Je suis reçu chez mon ami Arash qui vit ici avec sa femme et sa fille. Arash est un iranien aisé de 45 ans que j’ai reçu chez moi à deux reprises. Il voyage énormément, autant dans le cadre de son travail que par plaisir.
À l’époque, son choix de voyager à Paris en Couchsurfing a été plus motivé par le désir d’échange culturel que pour des raisons d’économie. C’est un homme curieux, intelligent, généreux et fier. Après ses deux séjours à Paris il m’a invité à venir le voir à Babol. Cette perspective fut l’un des points de départ de mon voyage. J’ai tout simplement marié mon désir de partir loin sur mon vélo avec ce séduisant point de chute en brodant mon itinéraire tout autour. Arash aura été l’une des plus belles rencontres de mon voyage. J’ai compris avec lui le sens du mot “reconnaissance”.
Arash voulait être prévenu à l’avance de mes dates d’arrivées et j’ai vite compris pourquoi : Il m’a organisé un petit week-end dans la montagne chez son meilleur ami.
Nous sommes donc partis tous les trois profiter du chalet de l’ami d’Arash pour la soirée. Après quelques courses pour le barbecue du soir, nous sommes partis pour une heure de route ponctuée de chansons iraniennes de l’époque du Shah.
Me revoilà sur la route vers la montagne et admire à nouveau les changements de climats et de paysages qui s’opèrent si brutalement dans la chaine de l’Elbourz. En images, nous quittons tout simplement ce paysage plutôt méditerranéen pour se retrouver quasiment sans transition au beau milieu de la jungle dans des montagnes intermédiaires. Quelques minutes plus tard, la végétation verdoyante est remplacée peu à peu par la sécheresse. Ce ne sont alors plus que des montagnes désolées, des cailloux et du sable. Nous poursuivons l’escalade, et c’est un paysage alpin qui s’offre à nous, constitué d’herbe grasse et de sommets enneigés.
C’est donc l’équivalent de quatre climats bien distincts qui viennent de se succéder sous mes yeux en l’espace d’une petite heure. Sans oublier que quelques dizaines de kilomètres plus au nord les plaisanciers trempent leurs pieds dans la mer Caspienne.
Nous arrivons au chalet, petite maison située au coeur d’un village de montagne perché à près de 2300 m d’altitude avec une vue superbe sur le mont Damavand, le plus haut sommet d’Iran (5610 m).
Ce soir c’est barbecue, appelé ici kebab. Une soirée également garnie de chants traditionnels iraniens. Le moment venu de chanter à mon tour un chant traditionnel en français, j’ai réalisé que notre culture n’a pas véritablement ce qu’on appelle des “chants traditionnels”, excepté peut être des chansons populaires régionales. Je me suis rabattu sur “Le roi a fait battre tambour”, qui a semblé leur plaire. Je crois qu’en fait, n’importe quelle chanson en français leur aurait rempli le cœur de joie et de chimères pour trois minutes d’évasion.
L’impression de voyager repose souvent sur peu de choses, il suffit de stimuler un sens (ici l’ouïe) et laisser agir l’inconscient.
Quel plaisir de retrouver cet ami sur ma route, et apprécier son hospitalité immense. Il faut savoir qu’un iranien est à la base est généreux et accueillant, mais quand son hospitalité est motivée par le souvenir ému de l’accueil que vous lui avez vous-même réservé, préparez-vous à vous plonger dans un bon bain bien chaud suintant de plaisirs et de découvertes.
Après un réveil matinal pour bien profiter de la journée et du programme qu’ils m’avaient préparé, Arash et son ami m’ont emmené dans un autre village au pied du volcan (le fameux mont Damavand) dans lequel se trouvent une multitude de bains chauds naturels.
Ce village est assez fascinant. D’allure très traditionnelle, ses vieilles pierres contrastent avec les nombreux tuyaux bleus qui jalonnent le sol des rues et se faufilent dans toutes les habitations par la porte d’entrée. Chaque maison a son propre tuyau brûlant qui vient s’alimenter en eau naturellement chaude directement dans le ventre du volcan. Cet or chaud leur apporte un nombre incalculable de baigneurs. Le village est par conséquent très touristique mais uniquement constitué d’iraniens, pas un occidental à l’horizon.
Nous entrons avec mes amis dans une petite bâtisse réservée aux hommes. L’antichambre dans laquelle nous nous changeons est déjà envahie de vapeurs d’eau chaude. Je me prépare déjà psychologiquement.
On pénètre dans cette pièce brûlante de forme octogonale ornée en son centre d’une piscine arrondie. L’eau est opaque, elle bouge toute seule et laisse apparaître des particules de soufre qui rendent sceptique quant à la sécurité de ce bain. Mais c’est ce qu’on appelle de l’eau sulfureuse, et il parait que c’est bon pour la peau et les poumons.
Je regarde mes amis entrer dans l’eau progressivement pour achever de remplir le bassin dont les occupants bien portants m’observent avec insistance en se demandant certainement comment on peut être si blanc et si maigre. J’entre dans l’eau dignement, ne souhaitant plus être l’objet des railleries comme j’ai pu l’expérimenter à Miyaneh, et ne montre aucun signe extérieur de souffrance. Finalement le bain s’avère très agréable et étonnamment relaxant !
Après cette très intéressante expérience de l’eau volcanique, mes amis m’ont emmené prendre un petit déjeuner traditionnel qui avait plutôt l’allure d’un vrai déjeuner complet. Le plus étonnant était notre état physique après ce bain. J’étais là, assis en tailleur devant le déjeuner, avec cette sensation si apaisante de sortir de la douche après une séance de sport intensif. Sous l’influence direct de la chaleur extrême de ce bain, mon corps était imbibé d’endorphine. Je me sentais parfaitement bien, détendu, presque « stone ».
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