103. Très mauvais choix de Bivouac (UKRAINE)
Après cet agrĂ©able passage de frontière ukrainienne, les journĂ©es se suivent et se ressemblent. Les dernières dizaines de kilomètres de ma journĂ©e Ă©taient une longue et lente agonie. Toujours plus chaud (je crois mĂŞme avoir frĂ´lĂ© l’insolation), toujours plus mal aux fesses et aux mains… j’ai dĂ» changer de position Ă peu près toutes les minutes pour diminuer temporairement la douleur. Nous sommes en Ukraine, la nuit va tomber, il est temps de trouver un lieu de bivouac.
Un lieu de bivouac presque parfait
Après une fastidieuse recherche de lieu de camp, soldĂ©e de plusieurs Ă©checs, je finis par dĂ©busquer un coin qui fera l’affaire. C’est un cafĂ© en lisière de forĂŞt avec de l’eau, de la nourriture et de l’Ă©lectricitĂ©. Tout semble parfait pour un bivouac Ă l’exception près que nous sommes encore dans une zone urbaine. La forĂŞt en contrebas ne m’offre pas les conditions qu’il faut pour planter ma tente (trop de moustiques, trop de branches, pas de terrain plat), je pose donc mes quartiers juste derrière le cafĂ©, en contrebas d’un muret, Ă mĂŞme la terre. Je suis totalement visible, mĂŞme depuis la route, mais je commence Ă avoir une confiance aveugle en ces peuples.
Ayant laissé ma pudeur se reposer en France, je me lave directement à la fontaine qui borde la chaussée, sous les yeux des passants, ni dégoûtés ni concupiscents, juste curieux. Je suis propre, nourri et fatigué, je peux enfin dormir paisiblement.
Erreur d’appréciation.
Bivouaquer près d’un groupe d’ukrainiens bourrĂ©s
A mesure que l’aiguille de l’horloge se rapproche de minuit, j’entends de plus en plus de bruits dans la rue, puis près du cafĂ©, puis Ă quelques mètres de ma tente, puis Ă cĂ´tĂ©. Je commence Ă comprendre que cet emplacement Ă©tait une très mauvaise idĂ©e. Mieux valait les branches et les moustiques ! Paramètre important, l’ukrainien a beau ĂŞtre une personne charmante en temps normal, quand cette personne a bu, l’expression “sans limite” prend tout son sens. Un ukrainien ivre (plĂ©onasme?) est un animal dangereux. Un bivouac en Ukraine doit se faire avec discernement !
Toute la nuit j’ai entendu hurler des hommes, boire et pisser Ă deux mètres de ma tente sans se prĂ©occuper de ma prĂ©sence. Dans ce genre de situation, on se sent vulnĂ©rable, Ă la merci du premier petit malin, et le sommeil semble ĂŞtre une forĂŞt obscure Ă la fois inquiĂ©tante et infranchissable.
VulnĂ©rabilitĂ© justifiĂ©e : Ă un moment donnĂ©, vers deux heures du matin, l’un d’eux trĂ©buche devant ma tente. Je l’entends et le sens tomber lourdement. La terre, en absorbant le choc d’un frissonnement palpable Ă©touffe le bruit de sa chute, pas ses hurlements d’homme bourrĂ©. Je l’entends se relever, mais il reste Ă©trangement sur place. Je lui demande fermement de dĂ©guerpir par ma seule force de persuasion tĂ©lĂ©pathique… aucun effet apparent, bien au contraire !
Cinq hommes tout aussi Ă©mĂ©chĂ©s le rejoignent et semblent tous chercher quelque chose. Je commence Ă comprendre : cet abruti a perdu un objet dans sa chute, et tout le monde est lĂ , Ă©clairant les alentours de ma tente avec leur tĂ©lĂ©phone en bousculant parfois mon fragile abri. Je suis transparent, cernĂ© par ces hommes qui parlent fort, rient fort, râlent fort, agressĂ© tel un animal traquĂ© par la lumière crue de leurs lampes, sentant les murs de ma maison trembler Ă leur contact… Je suis pris au piège et je ne sais comment rĂ©agir. J’essaie de tousser subtilement pour signaler ma prĂ©sence, mais Ă part rĂ©colter quelques rires et commentaires ukrainiens, le rĂ©sultat est nul. Ils finissent heureusement par s’éloigner et achèvent leur dĂ©licieuse soirĂ©e quelques bières plus tard.
Moi qui rêvais d’une bonne nuit bien réparatrice… enfin tant pis, il faut avancer.
Pour Ă©viter ce genre de mĂ©saventures en bivouac (en Ukraine ou ailleurs), lisez cet article : 🔦 Le camping sauvage : Doit-on en avoir peur ? – Cyclo Voyageur
>>> ETAPE SUIVANTE :Â 104. Le bonheur de dormir dans un vrai lit (UKRAINE)
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