Après 125 kilomètres d’autoroute en Russie, je m’arrête à Maloyaroslavets, où Elena, une jeune russe m’attend de pied ferme chez ses parents. Je l’ai contactée via Couchsurfing, et officiellement pour sa famille, je suis un ami de longue date. Ses parents n’auraient certainement pas accueilli comme ça un étranger sorti de nulle part, il fallait une histoire rassurante. Leur accueil a été magnifique et méritait bien ce petit mensonge ! Ils m’ont fait goûter toutes sortes de choses délicieuses. J’ai eu immédiatement l’impression de faire partie de la famille. L’espace de deux nuits, j’étais russe.
J’avais pourtant initialement prévu de rester une nuit, mais face à l’insistance d’Elena pour que je reste une journée de plus, je ne pouvais que céder.
Elle voulait absolument m’emmener voir les endroits intéressants de la ville. Je n’ai regretté ni le détour dans cette ville, ni les deux jours ! Je me suis pourtant arrêté vraiment pas hasard à Maloyaroslavets, et j’y ai découvert de magnifiques églises et monastères, et surtout un haut lieu de l’histoire napoléonienne.
Cette ville a été le théâtre du début de la retraite de Russie, se transformant peu à peu en véritable désastre. En perdant cette bataille, la grande armée a été obligée de changer de route pour rentrer en France, c’est à dire en prenant le même itinéraire qu’à l’aller et traverser des territoires déjà pillés ou volontairement brulés par les russes. Le début de la fin.
On trouve Ă Maloyaroslavets en Russie quelques mĂ©moriaux, dont un Ă©crit en français, et des impacts de balles sur un monastère. Ils sont censĂ©s avoir Ă©tĂ© tirĂ©s par l’armĂ©e napolĂ©onienne.Â
Cette ville, malgré son attrait historique, est vierge de touristes. Ça n’est pas pour me déplaire ! Même les amoureux de Napoléon ne s’aventurent pas jusqu’ici.
J’ai visité un mini musée qui faisait la reconstruction de la fameuse défaite devant le monastère, qui a obligé Napoléon à bifurquer et repartir plein ouest. La gardienne du musée était tellement heureuse d’avoir un français en face d’elle en chair et en os qu’elle a insisté pour que j’écrive un mot en français dans le livre d’or. Voici, de mémoire, ce que j’ai écrit :
« Aujourd’hui je suis triste. Triste de voir que tant de français ont perdu la vie sur cette terre, mais je suis heureux d’avoir eu la chance inouĂŻe de tomber par hasard sur cette ville Ă l’histoire si riche. Merci pour cette magnifique reconstitution historique. VIVE LA FRANCE ! VIVE LA RUSSIE ! VIVE LA REPUBLIQUE ! «Â
Une fois traduits, ces mots ont provoqué un effet assez inattendu. Elles sont entrées dans un état second, semi-orgasmique, touchés par ce patriotisme mêlé au respect de leur nation… tout ce qu’ils aiment !
Les valeurs nationales sont restées intactes en Russie, la ville semble même avoir un lien étroit avec la guerre en général. Il y a même une place dans le centre-ville où l’on peut trouver des vieux tanks désaffectés qui servent maintenant de terrain de jeu aux enfants. L’on peut donc y voir de petites nattes blondes fragiles et innocentes à robe rose jouer à la guerre assises au poste de mitrailleuse lourde en haut d’un tank soviétique. Délicieuse dualité. Naïve enfant chevauchant ce nid à tétanos sous l’œil bienveillant des parents… Après tout, elle est sur un char d’assaut russe, je ne vois pas bien ce qu’il peut lui arriver !
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