Le blues du retour de voyage – Comment le combattre ?
Et voilà, c’est fini. Vous retrouvez votre chambre après un an d’aventures et vous regardez ce mur blanc qui vous fait face. Vous vous sentez déprimé, vide, inanimé. Ce que vous ressentez, c’est le fameux blues du retour de voyage au long cours. Aussi appelé le blues du voyageur, choc culturel ou choc du retour… je vais vous expliquer étape par étape comment vous le construisez inconsciemment, et comment vous pouvez le détruire.
Le voyage, un sommet à gravir
Les quelques mois ou années que vous venez de vivre étaient magiques. Vous avez la sensation d’avoir plus vécu en quelques mois qu’en 20 ans.
La préparation du voyage
Vous vous souvenez du moment de la décision du grand départ. Vous vous souvenez avec émotion de ce moment magique où vous avez affronté vos peurs et vous avez annoncé à votre patron que vous partiez. Vous avez réussi à tout plaquer et partir. Le simple fait d’avoir pris cette décision vous comblait de bonheur et vous apportait une énergie dont vous aviez oublié l’existence !
Vous vous souvenez de la préparation du voyage. Ces moments magiques où vous organisiez votre itinéraire, où vous faisiez vos demandes de visa et d’assurances voyage. Vous vous souvenez de ce moment où vous avez loué votre appartement pour financer votre voyage.
Vous vous souvenez aussi de ces nombreux achats de matériel, à commencer par le vélo, les sacoches, la tente, etc… vous vous souvenez de ces heures passées sur des sites de cyclotouristes pour lire tous les conseils et astuces possibles.
Vous vous souvenez que vous étiez si heureux, si vivant… avant même de partir.
Le voyage, la route
Et puis, évidemment, vous vous souvenez de ce voyage. Vous pensez à tous ces pays traversés, ces rencontres merveilleuses, ces paysages incroyables… mais vous pensez aussi à toutes ces difficultés endurées, à ces moments de doute et de désespoir, ces moments de solitude extrême qui vous ont rendu plus fort.
Il s’est passé tellement de choses sur cette route !
Chaque seconde de votre cheminement vous poussait vers un nouvel objectif : continuer à avancer. Faire 10 km de plus pour ne pas avoir à les faire demain ou dans une semaine.
Et finalement, à mesure que la fin approche, vous vous sentez pousser des ailes. Vous voyez le sommet, vous voyez vos amis et vos proches, vous voyez la récompense finale, vous voyez le repos du guerrier, votre foyer, votre confort. Ce confort et cette sécurité qui vous ont tellement manqués parfois, ils sont là, à portée de main.
En voyant approcher le sommet, vous voyez ce que vous venez de réaliser. Vous avez réussi votre challenge. Vous êtes presque un héro moderne.
Allez, encore un effort et c’est la fin ! Vous allez enfin pouvoir admirer la vue…
En haut du sommet, le vide
Vous voilà au sommet. Vous venez de refermer le livre de votre aventure et vous voyez ce gouffre béant en face de vous. Vous êtes en train de passer d’une année ultra-intense à un vide vertigineux. Vous vous sentez impuissant, incapable de bouger, désœuvré.
Comment est-ce possible ? Alors que la préparation de ce magnifique voyage était si grisante, si excitante ! L’énergie qui vous portait pouvait soulever des montagnes, le monde vous appartenait !
Mais là, vous avez comme la sensation angoissante d’avoir vécu les derniers moments de mon existence. C’est ça, vous avez existé pendant des mois, et maintenant vous êtes revenu à la mort.
Seul dans votre chambre, vous affrontez votre non-existence. Vous faites face à cette mélancolie du vide qui cherche à vous tirer les larmes des yeux. En face de vous, vous voyez ce mur blanc ou ce trou noir… vous ne savez pas, vous ne savez plus. Votre tête est tellement pleine de musiques, d’odeurs, de voix, de regards. Que faire maintenant ? Qu’il est difficile de repartir en avant quand on vient d’escalader l’Everest et qu’il n’y a plus rien à gravir.
Vous ressentez la même chose que lorsque étudiant vous avez rendu votre mémoire et passé votre diplôme. Votre énergie était concentrée à 100% sur ce projet, cet objectif précis… et ensuite plus rien, l’angoisse du vide. Il vous fallait un nouveau challenge, vite !
Comment lutter contre ce blues du retour de voyage ?
Vous voilà donc déprimé. Vous n’avez pas vraiment pensé à ce fameux blues du retour de voyage pendant votre périple, et c’est normal. Vous avez vécu à fond votre aventure, et vous avez bien fait.
Le blues, une étape nécessaire
Maintenant, sachez que vous pouvez sortir très facilement la tête de l’eau. Le blues touche la plupart des voyageurs, il convient d’abord de l’accepter, pour un certain laps de temps.
Ce blues, c’est comme faire le deuil de la mort d’un proche. C’est un moment nécessaire qui vous aidera à aller de l’avant. Ça peut durer quelques heures, quelques jours ou quelques semaines… disons qu’après une semaine, il faut commencer à se remuer !
Maintenant, comment aller de l’avant ?
Faites du sport !
Première chose, faites du sport ! N’oubliez pas que vous avez fait 6 à 7 heures de sport quotidien pendant des mois. En d’autres termes votre corps est devenu un junkie dépendant de sa dose quotidienne d’endorphine. Votre corps s’est trop habitué aux hormones du sport, si vous lui coupez les vivres du jour au lendemain, il va vous le faire comprendre, et votre blues se transformera en grosse déprime.
Ayez de nouveaux projets
Deuxième étape, vous êtes de retour de voyage, trouvez-vous des projets, des nouveaux challenges.
Je suis certain que votre voyage a déjà été une mine d’inspiration. Vous avez fait des rencontres passionnantes et croisé d’autres voyageurs comme vous avec leurs propres projets. Vous avez eu beaucoup de temps pour réfléchir sur votre vélo. Votre tête est pleine d’idées plus ou moins folles. Il va falloir faire un peu le tri pour que ces chimères passent le test de la réalité.
Oui, ayez de nouveaux projets, lancez-vous de nouveaux challenges. Ne vous reposez pas sur vos lauriers. Ok, mais quels genres de projets chef ?
Voici quelques pistes, en vrac :
- Si vous n’êtes pas rassasié d’aventure et que vous avez les moyens financiers, repartez sur la route !
- Créez un blog de voyage pour partager vos récits, vos impressions, vos photos
- Si vous avez l’âme littéraire, écrivez vos aventures (ça prend du temps, croyez-moi !)
- Recontactez votre ancien employeur pour un poste différent
- Commencez une nouvelle formation pro et réorientez-vous professionnellement
- Créez un business avec une rencontre de voyage
- Allez vivre quelques mois dans le lieu ‘coup de foudre’ de votre voyage
- Allez retrouver votre belle, dites-lui qu’elle est la femme de votre vie et épousez là. (ça marche pour les deux sexes)
Je sais, vous allez me dire que je ne vous propose pas de reprendre votre ancien job. Pourquoi ? Tout simplement parce que si vous avez tout plaqué pour voyager, c’est que vous aviez sans doute un grand besoin de changement. Ça n’est donc pas pour retourner dans la même routine destructrice. Vous me remercierez plus tard !
Le voyage n’est jamais fini
Maintenant que vous avez les cartes en main, vous comprendrez que le voyage que vous venez d’achever n’était que le début d’une plus grande aventure. Vous êtes un phœnix. Votre deuxième vie sera celle de la réalisation de vos rêves.
Ce voyage vous a apporté une clé et vous êtes de retour. Maintenant, à vous d’ouvrir la porte et de regarder ce qu’il y a derrière.
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