108. Gérer la lassitude à vélo (UKRAINE)
Au cours d’un voyage au long cours à vélo, on n’a pas à chaque instant la motivation pour avancer. Seulement, on n’a pas le choix si on ne veut pas faire du sur place. Alors on apprend à gérer la lassitude à vélo. Chacun ses techniques, je vous livre les miennes.
Combattre la solitude à vélo
Encore une nouvelle journée longue et éprouvante, à la fois physiquement et psychologiquement. Ce genre de journée interminable où l’on réalise dans sa chair à quel point le fait de voyager seul, et en particulier rouler seul, est un combat quotidien à mener. Voyager à plusieurs rend l’expérience et la perception du temps radicalement différente. Ça élimine aussi la lassitude de la route à vélo.
Lorsque je dois pédaler 6 heures par jour seul sur mon vélo, il faut pour chacune de ces 21.600 secondes trouver une motivation, une envie, une pensée qui pendant quelques secondes ou quelques minutes fera oublier l’effort, la douleur parfois. Alors on improvise, on pense à beaucoup de choses… À notre passé, à notre futur, on refait l’histoire, on chante, on prie, on se récite des extraits de films par cœur et on se fait rire tout seul, on se fait des sketchs et on parle tout haut en prenant des accents difficiles à assumer en société.
Garder l’esprit en alerte contre la lassitude à vélo
Quand cela devient vraiment difficile et que notre esprit n’a plus la force de se distraire, celui-ci ne pense plus qu’au moment présent et au fait d’optimiser le moindre km/h, le moindre coup de pédale. On regarde chaque borne défiler une par une et on rêve de la prochaine pause tout en bénissant le poids lourd qui vient de nous doubler et qui va nous porter dans son aspiration pendant ces 10 petites secondes qui n’ont pas de prix.
L’on sait surtout que l’on va devoir être en forme pour refaire la même chose demain, et après-demain, et ainsi de suite. Le plus difficile dans ces voyages au long court est de résister à l’épreuve du temps, à la répétition, continuer à être concentré sur son objectif, ne jamais en dévier ni en douter une seconde. Lorsque l’esprit et le corps sont fatigués, ils cherchent la moindre faille, la moindre petite fissure mentale pour s’y engouffrer et pour s’autoconvaincre que l’objectif est fait pour être dépassé, que le plus important est la route, et non la destination… certes, mais sans destination, plus de route. Il faut donc colmater les trous d’air le plus vite possible et penser à la prochaine pause, au jour d’après, au retour à la maison… finalement, à tout ce qui pourra nous donner un petit regain de courage et de force mentale.
Eh bien pensons-y. La prochaine pause, c’est Lviv. Allons affronter notre destin !
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