Toujours avec mes amis suisses en Iran, nous pédalons en direction de Téhéran. Faire du cyclotourisme dans les grandes agglomérations iraniennes comme Téhéran est un exercice de haute voltige !
Mes nouveaux camarades m’imposent un rythme relativement rapide, une nouvelle manière d’affronter la route que je supporte finalement assez bien et qui ne manquera pas de m’inspirer pour le reste de mon périple. Nous arrivons donc très vite sur la titanesque agglomération de Téhéran en traversant une première ville de la banlieue lointaine de la capitale : Karaj (1,5 millions d’habitants).
Cette première barrière grise s’avèrera être une mise en bouche aux allures de plat de résistance, agrémenté d’un trafic routier plus que dense, un air irrespirable et une manière de conduite très iranienne. A Karaj ou à Téhéran, il y a tout ce qui m’énerve quand je suis à vélo à Paris, mais en 100 fois pire. Il faut, sans relâche, être vigilant et concentré, le danger peut venir des quatre points cardinaux sans jamais prévenir. La règle est la suivante : il n’y a pas de règles. Dans cette agglomération, c’est la loi du plus fort qui règne, ou plus exactement, la loi du plus courageux… ou encore plus précisément, la loi du plus fou ! Si l’on veut s’imposer il faut avancer envers et contre tout, ne pas avoir peur du contact car l’adversaire sur la route, c’est à dire l’autre, l’automobiliste, n’hésitera pas à avancer jusqu’au dernier centimètre pour intimider le cyclotouriste, quitte à piler au dernier moment. Ca fonctionne comme ça.
Je précède le groupe et guide mes amis dans ce chaos brumeux où les sens sont tous à l’affût. Tout le temps. Les oreilles sont agressées par le son des klaxons, des moteurs et des passants qui nous parlent. Le nez doit supporter les hydrocarbures, les senteurs de grillades, kebabs et autres odeurs de rue. L’œil est sollicité en permanence par les voitures venant de partout, les motos, les passants. Nous ne sommes que des moucherons insignifiants. Nos sens sont au bord de la saturation. Tout dégouline d’informations. Je commence à comprendre qu’il faut aborder ces conditions comme un jeu. Au lieu de le subir, il faut l’affronter dans les yeux et le provoquer frontalement. Ca fonctionne et je commence même à prendre du plaisir !
Toujours à la tête de la petite bande, je décide de nous emmener hors de cette purée de poids, quitte à faire un détour. Direction l’autoroute. Evidemment, ça ne fait par partie du guide du cyclotourisme, c’est pas le plus prudent, surtout à Téhéran, mais au moins ça va rouler !
Je fais mes adieux avec mes camarades au milieu de l’autoroute à l’ouest de Téhéran pour faire une halte pour la nuit chez mon amie de Tabriz, Masi, qui a passé quelques jours à la capitale avec deux de ses amies. Demain ça se passera chez un certain Mohammad dans une ambiance plus familiale et traditionnelle. Je vais y rester quelques jours le temps de prolonger mon visa.
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