Il y a sur cette terre bien des lois physiques. L’une d’entre elles, brillamment énumérée par le professeur Pierre Desproges, dit (en citant lui-même Archimède) que lorsqu’on plonge un corps dans une baignoire, le téléphone sonne. C’est la loi des poissards. Un club très fermé dont je crois en toute humilité avoir mérité mon adhésion. J’ai, depuis le premier jour de mon périple, tellement éprouvé de vents défavorables que j’en ai élaboré mon propre théorème : “Soit un vélo sur une route donnée. La direction du vent alentours sera systématiquement opposée à l’orientation de la roue directrice dudit vélo. Par ailleurs la force du vent sera inversement proportionnelle au niveau de fatigue de l’occupant de ce même vélo.” Infaillible ! Je finissais même par me faire une raison, accepter mon sort, je devenais philosophe. Le vent favorable à vélo me fuira à jamais… Je commençais à avoir mes petites techniques de résilience.
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Eh bien sur la route de Münster, les éléments ont cruellement invalidé mon théorème. Un vent favorable, enfin ! La matinée a été un vrai bonheur. J’ai ainsi pu apprécier concrètement ce que ça fait d’avoir le vent dans le dos et surtout prendre plus que jamais la mesure de l’influence du vent sur les performances et les difficultés du parcours.
Ce jour, le vent ne dépassait pourtant pas les 20 km/h, mais les conséquences étaient déjà considérables. J’ai donc assez facilement pu tenir une moyenne de 22/23 km/h sans forcer en faisant même l’exploit de prendre ma pause déjeuner avec près de 100 kilomètres derrière moi sans être particulièrement fatigué.
J’ai pris conscience, pendant cette matinée bénie, que si la brise avait été face à moi, j’aurais à peine fait la moitié de cette distance pour le même effort… Je parle pourtant bien d’une petite brise légère ! Maintenant je vous laisse imaginer ce qui se passe avec un vent de 70 km/h. S’il est avec moi, je suis au paradis, j’avance sans même avoir à pédaler, je vole littéralement. Je peux ambitionner 200 kilomètres dans la journée sans fatigue.
Mais s’il est en face, c’est un cauchemar Ă©veillĂ©. Rien Ă faire Ă part pousser comme une brute en maintenant une position du corps horizontale pour pĂ©niblement dĂ©passer les 7 ou 8 km/h. Le problème est aussi que ce vĂ©lo est le contraire d’un objet aĂ©rodynamique. Les sacoches avant et arrière ont une Ă©norme prise au vent, telles des voiles, et en font un vĂ©hicule extrĂŞmement vulnĂ©rable, et sensible aux caprices d’Éole.Â
Avec 125 kilomètres au compteur, j’ai fini par me trouver un joli coin pour poser ma tente dans un petit bois proche de la route après avoir fait le plein d’eau chez une gentille fleuriste qui avait un chien un peu trop jeune pour comprendre qu’il ne faut pas mordre les clients, mais un peu trop grand déjà pour que ça ne soit pas douloureux… Le parfait dosage ! J’ai quitté sa boutique les mains en sang, mais les bouteilles pleines.
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