Cœur du Tadjikistan, en direction de Douchanbé. Mon russe de chauffeur de taxi et moi nous sommes posés dans un petit restaurant de route à proximité d’une petite ville pour le déjeuner.

Pause déjeuner tadjike

Mon chauffeur a retrouvé sur place quelques-uns de ses collègues. Des russes et des tadjiks tout aussi délicats et subtils que mon compagnon de route.

Bien que pour la première fois depuis longtemps on ne m’a pas imposé de prière islamique avant le repas, je ne garderai pas un souvenir impérissable de cette pause déjeuner sommes toutes assez pénible. En revanche j’aurais appris au contact de ces princes de la table quelque chose qui répondra à beaucoup de mes interrogations de ces deux derniers jours.

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J’ai enfin compris pourquoi la frontière de la Rasht valley entre le Tadjikistan et le Kirghizistan est bloquée aux étrangers. C’est pour une vraie raison bien concrète et de taille. 

Aussi, ce que je vais dévoiler sur ces prochaines lignes est à prendre avec des pincettes, car il est difficile de faire les vérifications sur internet, et je n’ai pas pu croiser toutes mes sources. Il s’agit donc d’une explication toute subjective que m’ont donné des hommes de la région, avec tout de même quelques vérifications postérieures sur internet.

Pourquoi empêcher les touristes de venir ?

Les causes sont à la fois claires et obscures. Si la frontière est bloquée, c’est tout simplement pour éviter que les touristes empruntent cette route.

Le Tadjikistan, passage des trafiquants afghans

Mais pourquoi vouloir empêcher les voyageurs de passer par là ? Les montagnes sont magnifiques, les gens accueillants, il n’y a pas de danger en apparence… seulement en apparence :

L’une des petites villes (Garm) que borde cette seule et unique route qui longe la vallée de Racht est l’une des plaques tournante des trafics de drogue provenant d’Afghanistan (premier producteur mondial d’opium et d’héroïne) avant de continuer vers la Russie et enfin sur le marché européen.

Le Tadjikistan est le premier pays de transit de la drogue afghane. Et les chiffres de ce trafic donnent le tournis. Le territoire sur lequel je me suis aventuré borde la frontière kirghize le long d’une longue chaîne de montagnes. Pour arriver au Kirghizistan, les trafiquants n’hésitent pas à partir par caravanes de plusieurs dizaines d’hommes surarmés et équipés de moyens de communications ultramodernes. Ils franchissent les montagnes, impossibles à surveiller dans leur intégralité.

J’ai compris par la même occasion pourquoi l’officier à la douane m’avait fait signe qu’ils tireraient à vue s’ils me voyaient franchir la frontière par la montagne.

Les autorités locales ayant évidemment connaissance de ce trafic, souhaitent l’éloigner le plus possible des yeux fouineurs et un peu trop connectés des touristes, d’autant que les conflits entre l’armée et les trafiquants souffrent d’un grand nombre de dommages collatéraux !

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Une région tadjike contrôlée par les islamistes

Il y a une autre raison que j’ai découverte plus tard lors de recherches plus poussées sur cette fameuse vallée de Racht que je commence à bien connaître !

Il se trouve que durant la Guerre civile du Tadjikistan qui a eu lieu dans les années 90, suivie de reprises des combats entre 2010 et 2012, (guerre de pouvoir entre communistes et islamistes radicaux, que du beau monde !) la région était contrôlée par les rebelles islamistes qui luttaient contre le gouvernement en place, ce qui a conduit à de nombreuses batailles dans la vallée.

Les conséquences sont qu’aujourd’hui la vallée est peu contrôlée par les forces de l’ordre, ce qui autorise une grande présence d’islamistes radicaux.

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Des restes visibles de la guerre civile du Tadjikistan

L’autre risque lié à cette région et ses conflits est la présence de mines antipersonnel, charmant. Je suis content de ne pas avoir appris cela avant, car je n’aurais sans doute pas pris le risque de m’y aventurer et je n’aurais jamais vécu cette expérience exceptionnelle au village de Devona.

>>> ETAPE SUIVANTE : 85. De Douchanbé à Och (KIRGHIZISTAN)