Epuisé de la nuit trop agitée de la veille, usé par un vent défavorable toute la journée, et éteint par des douleurs toujours plus fortes, je décide de faire exceptionnellement mon bourgeois et de m’arrêter dans un hôtel sur la route. Cette nuit, je vais dormir dans un vrai lit. Moment émotion.
Pour huit euros, j’ai une chambre privée avec douche et un vrai lit. Tout ce dont j’avais besoin, rien de plus. Tout ce qu’il y a de plus basique mais pourtant quel bonheur ! C’est à peu près depuis Moscou que je n’avais pas pu dormir dans un vrai lit. 700 kilomètres que je n’avais pas posé mes fesses sur un matelas.
Quelle joie parfois d’apprendre à réapprécier ces choses simples de la vie moderne ! Il ne faut pas oublier que c’est un faste rare d’avoir un lit, une douche, l’eau courante. Etc… Oui, ce voyage m’a appris que dans beaucoup de pays, ces choses qui nous semblent si basiques et essentielles sont de l’ordre de la science-fiction pour une grande partie de la population.
Par exemple, cette halte imprévue dans ce village de montagne au Tadjikistan que j’ai tant adoré m’a montré dans quel dénuement vivaient ces hommes et ces femmes dans leur quotidien. Et il s’agit d’un ancien pays de l’Union Soviétique, on n’est même pas chez des tribus aborigènes ! Mais ils sont heureux, ce ne sont pas des hors-sols chroniques comme nous (ou comme moi, si vous préférez !). Ils vivent et meurent dans le village de leurs ancêtres et restent extrêmement attachés aux traditions et à ce qui fait l’essence de l’équilibre humain : le lien social, la famille, les racines et la spiritualité.
Qu’il est agréable de vivre de la manière la plus démunie et dépouillée possible pour savoir apprécier à sa véritable valeur les bienfaits les plus simples que nous offrent la vie moderne ! Cette réflexion me fait penser à cette chanson de Jean-Jacques Goldman interprétée par Johnny Hallyday qui, même si elle n’est pas un sommet de poésie a le mérite de rappeler l’un des plus grands maux de la vie moderne :
“Qu’on me donne l’obscurité puis la lumière
Qu’on me donne la faim, la soif, puis un festin
Qu’on m’enlève ce qui est vain et secondaire
Que je retrouve le prix de la vie, enfin!
On m’a trop donné bien avant l’envie, j’ai oublié les rêves et les merci
Toutes ces choses qui avaient un prix
Qui font l’envie de vivre et le désir, et le plaisir aussi
Qu’on me donne l’envie
L’envie d’avoir envie, qu’on allume ma vie !”
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