Passer ce temps avec François sera pour moi l’occasion d’expérimenter de nouvelles manières de bivouaquer, de planter ses quartiers. Nous longeons la mer Caspienne en Iran, autant en profiter !
Nos deux premières nuits en commun seront donc l’objet de campements au bord de la mer Caspienne, directement sur le sable. L’Iran est un pays suffisamment sûr pour ne pas avoir à craindre ce genre de libertés. Les gens peuvent être indiscrets ou intrusifs, mais jamais menaçants ou dangereux. Ils veulent juste nous parler et passer du temps avec nous.
L’un des gros avantages des campements devant la mer Caspienne, c’est le bain. Cette mer, étant en réalité un lac, a l’avantage non négligeable d’avoir le tiers de la salinité d’un océan moyen, avec 12 grammes de chlorure par litre d’eau.
Le résultat c’est que l’on peut y faire sa petite toilette sans avoir la désagréable sensation du sel sur la peau (ou très peu). Parfait pour se laver au paradis !
Je plonge dans cette eau relativement fraîche, mon savon flotte fidèlement à mes côtés dans sa petite boîte en plastique, le soleil se couche et éclaire d’un orange saumon féérique le versant ouest des montagnes.
Le soleil vient mourir là-bas, vers l’ouest, loin derrière l’Azerbaïdjan, loin derrière la Turquie et l’Atlantique il surplombe l’Amérique maintenant. Il est en train de se coucher sur cette plage d’Iran, déserte, calme et apaisée tout en inondant de sa chaleur la peau des baigneuses de Miami Beach. Pour rien au monde je n’aurais troqué ce moment d’authenticité et de vie pour l’artificialité de la Floride. Ici j’ai tout !
Le deuxième soir, nous avons planté notre campement 80 kilomètres plus loin dans un coin boisé en contrebas de la plage, mais toujours sur le sable.
J’y ai fait une rencontre qui aurait pu mal tourner si je n’avais pas eu les yeux bien ouverts : Tandis que je partais en corvée de bois pour alimenter notre feu qui survivait péniblement, je réalise que le bois se faire rare.
Il y a quelques conifères, mais pas ou peu de branches qui traînent. Nous ne sommes apparemment pas les premiers à avoir fait un feu dans le coin !
Qu’à cela ne tienne, j’élargis mon champ de recherche et trouve laborieusement quelques bouts de bois. C’est alors qu’en revenant vers le feu pour l’entretenir avec mon petit butin je remarque une belle branche bien épaisse à souhait à la forme un peu courbée.
Je m’en approche, je commence à tendre la main pour la saisir et je m’aperçois juste à temps pour ne pas le prendre dans mes mains qu’il s’agit d’un serpent.
Un bon gros serpent marron clair posé entre deux branches basses d’un arbre. J’ai eu immédiatement un brusque mouvement de recul et une très violente montée d’adrénaline, puis j’ai repris mes esprit et je l’ai observé.
Il était assez épais au niveau du haut de son corps, et sa tête était plus claire que le reste. C’était je crois le plus gros serpent à l’état sauvage que je voyais de ma vie. Je me suis approché prudemment pour essayer de le prendre en photo. Il m’a regardé et a à peine réagi, sur de sa force. J’ai fini par rentrer au campement, tremblant nerveusement comme une feuille.
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