Avertissement ! Cet épisode comporte des passages de patriotisme nauséabond.
Aujourd’hui, je vais fouler la terre française après plus de 7 mois d’absence. Je n’avais jamais déserté la mère patrie plus d’un mois d’affilée. La perspective de ces retrouvailles proches éveille en moi une excitation rare. Après avoir ouvert le portail de la francophonie, me voilà sur le seuil de la maison France. Elle est là , à 10 kilomètres de moi, elle m’appelle, je peux presque la distinguer.
Le début de la route est marqué par un sentier pavé tracé sur une ancienne voie romaine. Ce chemin assez pénible réveille des vieilles douleurs de dos que je croyais mortes et enterrées sur un autre continent. En tant que chrétien, je ne suis pourtant pas hostile au concept de résurrection, mais celles-ci je m’en serais bien passé. Surtout à quelques centaines de mètres du panneau “France”.
Moi qui voulais faire mon entrée sous mon meilleur jour, avec panache, le regard conquérant… au lieu de ça, je vais entrer en Gaule grimaçant, le sourire crispé et le dos voûté ! J’ai honte ! Et pourtant… tel un mirage dans le désert, j’aperçois au loin 6 lettres qui me sont familières, réunies sur un humble écriteau pour marquer le mot “F.R.A.N.C.E”. De l’autre côté de ce panneau, les pavés laissent place à du bitume bien lisse et bien français. Mon oasis !
Une bien discrète frontière. J’entre en France par la petite porte, de la plus modeste des manières, sans tambours ni trompettes. S’il n’y avait pas eu ce timide panneau posé à côté de la route au milieu de quelques maisons de briques, j’aurais eu des difficultés à comprendre que je ne suis plus en Belgique.
Faux ! Correction… Mes sens surdéveloppés auraient certainement senti la chose, car à mon arrivée, des stimuli bien distincts ont joué en moi les notes d’une chanson dont voici la mélodie des mots : un panneau de limitation de vitesse à l’esthétique bien française trahit l’arrivée sur la terre de France, tout comme cette odeur diffuse et capiteuse de fromage qui ne ment pas ; il y a aussi le chant du coq et cette impression d’être submergé par l’art de vivre, le génie et la flamboyance qui flotte dans l’air de cette France éternelle.
Beaucoup d’indices me font comprendre que je suis revenu à la maison après cette trop longue absence. J’étais dans la pénombre, et je viens de retourner à la lumière. J’étais mort, et me voilà revenu à la vie tel un enfant prodigue. Fils de cette terre qui ne m’a jamais manqué jusqu’à ce que ses effluves sacrées me reviennent aux narines, ces odeurs qui ne parlent pas, mais qui font ressentir les richesses infinies d’un territoire et d’un peuple dont on ne peut comprendre le dessein sublime qu’à l’aune d’une divinité réhabilitée et respectée… je m’emporte un peu, retournons sur la terre ferme.
Maintenant que je suis en France, je peux, à la lumière d’une prise de recul de quelques mois, illustrer les quelques différences que je suis à présent capable de noter entre la France et les autres pays d’Europe.
Première chose, les voitures. Elles sont beaucoup moins prudentes qu’en Belgique, en Allemagne ou en Pologne. Elles me dépassent à quelques centimètres et très régulièrement à allure élevée. Ça me rappelle la Russie. Les gens quant à eux sont peut-être un petit peu plus ouverts sur la route, j’ai droit à plus de bonjours.
En dehors de cela, peu de choses différencient un français d’un allemand quand ils voient passer dans leur village un étranger en short moulant pédalant sur un vélo aux allures de caravane. Partout les mêmes regards circonspects et fermés, que je vais devoir affronter jusqu’à ma première escale française à Saint Quentin, puis Compiègne, et enfin Paris.
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bravo pour ce périple incroyable, et aussi pour la qualité de ce blog!
Les expériences partagées mais aussi les petits carnets d'aventures font partie des meilleurs que j'ai trouvé sur le web. Je trouve les analyses très justes, très honnêtes, avec de vrais gros conseils pour les voyageurs. Ce partage est une vraie source d'informations a qui prendra le temps de le mettre en pratique.
Bon retour parmi nous, et bon courage aussi, car les retours sont souvent difficiles. il faut pas longtemps pour avoir envie d'y retourner...
Un grand merci pour votre retour François. C'est grâce à ce genre d'encouragements qu'on avance ! Pour tout vous dire, je partage ces carnets de voyage un peu en retard, je suis déjà arrivé depuis un moment. Mais vous avez tout à faire raison, les retours sont souvent difficiles, j'en sais quelque chose !