Ce récit, extrait de ma dernière journée avant une pause bien méritée à Cracovie illustre typiquement le moment stratégique de la recherche de bivouac. Un bivouac qui s’avèrera plus écolo que nature !
La frontière est passĂ©e. Le plaisir de retrouver ma deuxième patrie a le bĂ©nĂ©fice de me faire vivre chaque expĂ©rience, chaque moment comme un cadeau de la vie. Ma toilette de ce soir en sera la parfaite illustration. Quand une difficultĂ© se transforme en aubaine :Â
Je termine une longue journée de route, le vent se lève et le ciel s’obscurcit, m’obligeant à accélérer le rythme et à trouver rapidement un lieu correct pour y planter ma tente. Il est trop tard pour trouver la perfection, un morceau d’herbe discret au bord de la route fera l’affaire. Des nuages menaçants me forcent alors à improviser quelque chose au milieu d’une zone semi-urbaine.
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Je découvre par chance un champ en contrebas de la route bordé de quelques arbres. J’aperçois alors dans la continuité du champ une zone cernée de broussailles qui m’offrira l’intimité et la discrétion parfaite. Cependant, 50 mètres d’orties hautes comme mon vélo restent à traverser… en cuissard. Qu’à cela ne tienne, personne ne viendra m’embêter au moins ! J’y vais courageusement en tâchant d’oublier mon esprit rationnel et je traverse péniblement à tâtons, ponctuant ma percée de nombreux “aïe !”.
Je souffre, mais je suis bien. J’avance, j’ai trouvé mon lieu de camps, je vais être à la place que le destin m’avait réservée et je suis reconnaissant. Ce soir, je suis en accord avec les éléments et avec ce qui m’entoure, malgré les morsures inlassables des orties qui commencent à faire saturer ma peau à un tel point qu’une piqûre de plus ne se distingue même plus. Quelle chance ! J’accélère donc le rythme et me voilà enfin en “zone libre” !
J’écrase les hautes herbes qui me serviront de matelas et je monte ma tente sous les assauts du vent et alors que les premières gouttes de pluie entrent en scène. J’ai tout juste le temps de mettre mes affaires et moi-même à l’abri de ma tente fraîchement montée.
Encore une fois, j’échappe au déluge in-extremis. Le moment est venu de faire ma traditionnelle toilette. Je manque d’eau, comment faire ?
Contrainte = opportunité.
La solution me semble évidente, et elle me plaît même beaucoup ! Je suis assez à l’abri des regards pour me déshabiller entièrement. Je sors de la tente nu comme un ver, seul face à la nature déchaînée avec mon savon naturel fétiche Dr Bronner comme unique protection. Le déluge est suffisamment puissant pour me tremper en quelques secondes. C’est ni plus ni moins qu’une bonne douche bien froide au milieu de la verdure.
J’adore ce moment.
Quoi de plus beau que de profiter des bienfaits de la nature là où ils se trouvent ? Pas besoin de champignon magique pour se sentir en harmonie avec la nature et en apprécier ses vibrations et son énergie ! Boire l’eau à sa source est tout ce dont on a besoin pour toucher notre unité avec le cosmos. Bivouac écolo à l’état pur. Sublime, mais éphémère douche.
Enlacé dans les bras de Gaïa en personne, j’ai beau me sentir bien, quand c’est froid, c’est froid ! Je me sèche et retourne à la chaleur familière de mon sac de couchage. C’est bien beau de philosopher tout nu sous la pluie, demain une longue route bien réelle m’attend jusqu’à Cracovie !
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