Je suis à mi-chemin entre Zanjan et Abhar en Iran, j’ai bien avancé et la faim commence à se faire sentir. Je traverse une petite ville dans l’espoir d’y trouver une épicerie pour m’acheter les petites victuailles qui manquent à mon pique-nique. Je m’arrête donc devant et pose mon vélo sans l’attacher, bien évidemment, on est en Iran. Je monte les quelques marches qui précèdent la porte du commerce et je fais mon entrée.
Une entrée évidemment très remarquée car il s’agit pour eux non-seulement d’un visage inconnu (donc pas du village), mais en plus d’un type plutôt européen malgré ma barbe fournie (donc pas du pays), et à y regarder de plus près, j’avais la mine fatiguée, rougie par l’effort, et mon t-shirt était collé de transpiration (donc un aventurier). Faisons maintenant un travail de dissociation et tentons de nous mettre à la place de ces braves gens. Moi-même je repense à leur regard et je sais précisément ce qu’ils se disaient : “Cet homme est un étranger, étonnant, on en voit rarement par ici…il a l’air si fatigué ce pauvre garçon ! Il m’a fait le privilège de s’arrêter dans mon commerce, je dois l’aider d’une manière ou d’une autre, pour Allah et pour l’honneur de l’Iran”.
Le résultat de tout cela, le voici : ces hommes ont été ma rencontre du déjeuner. Ils ont absolument tenu à m’offrir une omelette. Je n’ai pas pu refuser, je suis une personne bien éduquée. Je suis donc parti chercher ma gamelle pour y préparer les œufs sur leur gaz. Pour illustrer la scène, je suis donc assis sur un tabouret au milieu d’un petit supermarché, installé entre la caisse et le couloir étroit, occupé à me préparer mon omelette au beau milieu des clients qui m’observent amusés et boivent les paroles du patron qui leur explique fièrement qu’un cyclotouriste français est en train de faire sa tambouille dans son magasin. Tandis que pour certains cela aurait pu être l’occasion de regarder de haut un occidental et l’humilier un peu plus, je n’ai ressenti sur moi que des sourires et de l’amitié, oui, de l’amitié.
La suite sera un vrai numéro d’équilibriste. Et oui, une fois l’omelette prête, il a fallu la transporter sur un lieu tranquille pour le pique nique. Le temps de sortir de la ville, j’ai dû piloter mon vélo avec une main concentrée à conserver un équilibre précaire pour ne pas que l’omelette ne s’échappe de la gamelle. Une main sur la gamelle, l’autre sur le guidon. Le ridicule ne tue pas, il peut même contribuer à manger chaud !
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