Relativisons un peu. Si mes deux traversées de l’Allemagne m’ont permis de percer à jour le trait un peu trop strict des germains, tout ceci n’est que de la généralité, et je dirai même de l’essentialisme vulgaire. La personne que j’ai rencontré à Leipzig m’a prouvé qu’un allemand peut avoir d’autres qualités. Une rencontre hautement inspirante.
Matthias m’a ouvert les portes de son foyer grâce à Warmshowers. C’est un homme marié de 55 ans, père d’un garçon de 16 ans, et d’une fille de 20 ans étudiante à l’étranger. Il est physicien et jouit d’une brillante carrière dans l’industrie pharmaceutique.
Maintenant il ne travaille pas, il ne travaille plus. Sa carrière ne lui apportait pas ou plus ce qu’il attendait d’un travail. Peu stimulé, ne se développant plus, il a pris la décision ardue de tout stopper et de vivre pour lui. Il a pu accumuler assez d’argent pour bien vivre et mettre sa famille à l’abri sans plus avoir besoin de travailler.
Matthias ne recherche pas le luxe et l’excès, il ne convoite pas plus d’argent pour plus d’argent. Il a su voir dans le labeur et l’argent leur rôle premier : permettre de survivre. A quoi bon le superflu ? Cet homme est ce que l’on pourrait appeler un post-matérialiste. Matthias n’est pas un vulgaire carriériste, c’est un homme de passion et de cœur. Il a dépassé les tentations de l’argent et le besoin de reconnaissance sociale. Il ne vit plus que pour lui, à travers lui, et toujours en adéquation avec les besoins et les désirs de sa famille.
Matthias a su se libérer de la pression sociale qui veut qu’un homme droit et honnête ait un travail. Il vit pour ses passions et a osé reprendre des études pour faire ce qui l’a toujours fait vibrer, les mathématiques ! Il fait des maths maintenant et il est heureux, complet et épanouis dans tous les aspects de sa vie.
Sa femme travaille en tant qu’hôtesse de l’air et est donc peu à la maison. Nos discussions ont été assez intimement poussées pour me permettre d’apprendre qu’il est plus heureux que jamais dans son couple et toujours aussi aimant, ceci étant sans doute lié à sa liberté professionnelle retrouvée. Pour aimer bien, ne faut-il pas d’abord s’aimer soi-même ?
La rencontre avec Matthias a été pour moi très inspirante. Ce brillant quinquagénaire qui a encore un visage de jeune homme alors qu’il pourrait être mon père m’a appris à ne pas avoir peur de la liberté. Il m’a appris que le travail et l’argent sont des moyens, des outils, pas des objectifs. Il m’a appris à écouter mon coeur avec raison et à entendre la voix de la raison avec mon coeur. Tout n’est qu’une question de dosage et d’équilibre.
Matthias m’a aussi appris qu’il y avait d’étonnamment bons vins rouges allemands lors d’une dégustation de vins et de bières locales qu’il m’a concoctée sur le pouce. Une dégustation assez arrosée qui a su élever la conversation à un niveau inattendu.
J’ai quitté le surlendemain Matthias avec regrets, réalisant la chance rare qui me fut offerte de séjourner chez lui pendant ces deux jours alimentés de riches et passionnants échanges. Il restera une des rencontres marquantes et inspirantes de ce voyage.
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