Au cours de cette pause indispensable à Wittlingen en Bavière, j’ai eu droit à une visite surprise durant la soirée d’une amie de Gudrun, journaliste dans la presse locale qui, ayant eu vent de ma visite dans la région a décidé de m’interviewer et de consacrer une page entière de journal sur mon voyage, mon projet, mes raisons et mes impressions de l’Allemagne, de l’accueil sur place… En réalité il n’y a rien d’exceptionnel pour des allemands de croiser un voyageur à vélo, l’originalité de ma démarche réside dans la distance que je vais parcourir, et surtout dans cette idée stupide de traverser l’Europe en plein hiver !
J’avais rendez-vous le lendemain matin avec la journaliste pour un shooting photo in situ. Elle m’attendait à l’orée d’un village bordant ma route, debout sur la chaussée prête à prendre ses photos, me demandant de ralentir et d’avoir l’air plus heureux. Je dois avouer qu’avec le froid de la matinée qui me gelait déjà le visage, je n’ai pu esquisser ce sourire tant attendu qu’au prix d’un effort héroïque. C’est dans la boîte, cap sur le Danube !
Arrivé à Ulm je passe par un grand magasin de cycles qui trouve le temps de réparer mon dérailleur. Je reviens voir le travail une heure plus tard. C’est parfait, tout est réparé, ils ont aussi laissé un petit mot avec la facture. Sur le mot un numéro de téléphone, un prénom et le nom d’un journal de presse. Un autre journaliste, cette fois du quotidien Sud West Presse aurait appelé chez le réparateur pour me parler. Je le rappelle, interloqué mais impatient de connaître ses sources. Il m’explique au téléphone qu’il veut organiser une interview de moi. Qu’à cela ne tienne ! En vieil habitué, je lui donne rendez-vous devant la cathédrale d’Ulm. J’apprends alors la vérité sur le mystère de son coup de fil chez le réparateur de vélo : En bref, son journal avait été mis au courant de ma présence dans la région par cette journaliste que j’avais rencontré la veille. Elle savait par l’intermédiaire de Gudrun que j’allais passer dans cette boutique pour réparer mon vélo, et visiblement elle avait le bras long. L’entretien avec ce jeune reporter durera une bonne heure et j’aurai ensuite droit au deuxième shooting de la journée, cette fois devant la cathédrale la plus haute du monde.
Tout ceci était évidemment bien agréable et gratifiant mais je ne me sentais pas encore digne de telles reconnaissances. Qui étais-je pour passer dans les journaux ? Je n’étais encore qu’aux balbutiements de ce voyage et tout ce dont je pouvais leur parler ne se basait que sur du conceptuel et du potentiel, peu sur l’expérience vécue. Je n’étais qu’une projection de moi-même. Mon sentiment était finalement très ambivalent, partagé entre la fierté et la honte. Fierté de passer dans la presse comme un héro, mais indignité de cet honneur.
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