Très cliché tout ça. Oui, mais très vrai aussi ! Je ne crois pas que la discipline à l’allemande soit uniquement un mythe. J’avais déjà remarqué ce trait de caractère lors de ma première traversée de l’Allemagne, mais les pays que j’ai franchi par la suite ont alimenté une nouvelle perspective et de nouvelles références en matières de comportement routier. Mon regard est plus objectif que jamais : l’allemand est très, voire trop discipliné.
Trois exemples de la route viennent illustrer mes scandaleux préjugés sur la discipline allemande !
Premier exemple, ici les voitures attendent sagement derrière moi tant qu’elles n’ont pas deux mètres de marge pour me doubler, même sur les très peu empruntées.
Presque personne ne me dépasse à moins d’un mètre. Ils attendent patiemment derrière moi le temps d’avoir une parfaite visibilité, assez d’espace et les conditions de sécurité optimales pour effectuer leur dépassement. Bien que ça mette une certaine pression dans le dos, c’est appréciable et vraiment dépaysant… J’avais perdu l’habitude de ce genre de comportements sur la route.
Deuxième élément accablant, le comportement des cyclistes. Il n’est plus à prouver que le réseau de pistes cyclables est très développé outre-Rhin, elles tapissent le bord des routes départementales et les centre villes. Contrairement à chez nous, elles sont généralement placées sur le trottoir piéton.
Non seulement les vélos restent consciencieusement sur leur zone, mais en plus ils respectent 100% des feux, ce qui crée régulièrement de véritables embouteillages de vélos : Ils attendent tous sagement en file indienne, les uns derrière les autres, que le feu se mette au vert… et comme les feux sur les carrefours allemands peuvent parfois être insupportablement longs, il n’est pas rare de voir plusieurs dizaines de mètres de cyclistes qui s’accumulent, dociles et patients.
J’ai eu un jour en traversant Stuttgart le malheur de faire preuve d’impatience. J’étais sur ma piste cyclable sur l’un de ces gigantesques carrefours, j’avais passé dans les règles plusieurs passages cloutés et il ne m’en restait plus qu’un à franchir. Le feu était sur le point de se mettre au rouge pour moi, mais il me restait encore tout juste le temps de passer.
J’accélère et je traverse au moment où mon feu passe au rouge. À ce moment-là, l’automobiliste qui a vu ma manœuvre anticipe sur son feu et fait exprès d’accélérer en trombe pour piler au dernier moment à quelques centimètres de moi. Il n’a bien sûr pas manqué de m’insulter en allemand en me montrant du doigt le sacro-saint feu de circulation.
Au-delà du fait que je sois tombé sur un sombre connard qui ne doit pas avoir une vie bien épanouissante (on en a aussi beaucoup en France des comme ça), cette expérience symbolique m’a révélé que bien souvent l’allemand de base à plus de respect pour les règles que pour l’humain. La discipline allemande n’est peut-être pas qu’un mythe !
Ultime démonstration de ce postulat : tandis que je traversais un village paisible en direction de Leipzig, je vois se dresser sur la route un brave paysan qui m’arrête tandis que je monte une énième côte. Il ne parle pas un mot d’anglais, mais je comprends globalement son propos. Voici retranscrit en français le contenu des mots que nous nous sommes échangés dans un mélange très grossier d’anglais et d’allemand :
“ – Monsieur, vous ne devez pas prendre cette route, il y a une piste pour vélo à 200 mètres d’ici, on ne l’a pas construite pour les chiens, je ne vous laisserai pas continuer sur cette route.
– Je ne comprends pas bien monsieur, vous parlez anglais ?
– Non. Arrêtez-vous. Vous n’avez pas le droit d’être ici. Cette route est faite pour les voitures, c’est dangereux !
– Merci mais ça va, j’ai traversé la moitié du monde monsieur ! Ici il n’y a pas de danger tout va bien. Merci encore pour votre aide.
– Non. Prenez la piste cyclable. Elle est là-bas, à 200 mètres d’ici.
– Mais ça n’a pas de sens, elle se termine 300 mètres plus loin et m’obligera à retourner sur cette route de toute façon ! C’est une plaisanterie ?”
Mais le paysan ne plaisante absolument pas. Il ne veut rien savoir, s’interpose physiquement et semble proche d’user de la force pour me contraindre à rejoindre cette piste, rouler dessus 300 mètres et rejoindre ensuite ma route actuelle. Ça n’avait aucun sens pour moi, mais la discipline allemande est parfois plus forte que la logique. C’est donc avec un peu de honte que je vous avoue que j’ai cédé, que j’ai pris cette voie le profil bas, un peu humilié, et que j’ai roulé 300 mètres de plus pour rien. Cet homme ne voulait rien entendre, il paye des impôts pour construire ces pistes cyclables, si les cyclistes ne l’empruntent pas, c’est la chienlit !
PS : Attention, loin de moi l’idée de stigmatiser tout le peuple allemand. Il s’agit bien sur d’un sentiment global conditionné par ma propre expérience limitée. Enfin quand même… ce genre de comportement, je ne l’ai vu qu’en Allemagne !
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