Nous arrivons à Nazarabad et mes nouveaux amis suisses n’ont pas encore trouvé de plan pour la nuit. Je leur propose donc de m’accompagner chez mon hôte du jour qui vient tout juste de répondre positivement à ma requête sur Warmshowers. Ils acceptent avec plaisir et me suivent pour vivre la grande vie de star en Iran !
La plus grosse difficulté fut de trouver la maison. Notre hôte m’a envoyé une adresse en lettres persanes, donc laborieux à déchiffrer pour nous simples européens ! Nous passons près d’une heure à demander aux gens ou dans les commerces du coin où est ce lieu. Il finit par y avoir un joyeux attroupement autour de moi (mes amis m’attendaient à l’abris avec mon vélo un peu plus loin de la foule).
Certains me parlent en persan, d’autres me prennent par le bras, d’autres encore me font des signes de la main pour m’indiquer la direction à suivre. Chaque information est contradictoire, personne n’a l’air d’accord et moi je suis au beau milieu de ce chaos légèrement anxiogène en tentant de faire le point pour trouver la solution. Au centre de cette foule d’hommes parlant une langue parfaitement étrangère, me touchant, criant parfois, s’énervant, je finis par atteindre un niveau de stress proche de me faire perdre mes nerfs. Je crois d’ailleurs que la foule commence à sentir mon agacement, ce qui a le mérite de les calmer.
Mes amis suisses, tout en tact, me disent : “On a confiance en toi, on te suit, c’est toi le leader”… pression supplémentaire. Finalement, un aimable iranien qui semble mieux connaître sa géographie que les autres nous accompagne en voiture, il n’y a qu’à le suivre à vélo. Une fois arrivés à l’adresse indiquée, dans une petite rue perdue, nous nous retrouvons envahis de passants, d’écoliers, d’observateurs. Nous sommes l’attraction, l’événement du quartier pendant 20 minutes. On prend des photos avec nous, on nous propose de dormir à la maison ou on nous invite à manger. C’est comme si pour eux recevoir un étranger à la maison est une fierté, un privilège à faire pâlir de jalousie tout le quartier.
Notre hôte, Mustafa, a semblé avoir une hallucination en voyant cet attroupement devant sa porte, et ne paraissait pas apprécier la chose. Il a même dû se disputer avec un homme du quartier qui insistait pour nous héberger. Il nous a ouvert, et avons passé la soirée avec lui et sa famille. Ils nous ont même agrémenté de deux dîners, parce qu’un seul ça aurait été un peu mesquin tout de même !
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