Passons la pause salvatrice. Je suis rechargé à bloc, frais et dispo ! Revenons à Almaty. Je retourne dans cette auberge de jeunesse que m’avait conseillé mon fidèle pote Aldo, infatigable compagnon de route.
Aldo s’était arrêté à l »European » Backpackers Hostel et m’avait affirmé que l’ambiance y valait le détour. Un détour que n’ai pas regretté.
J’ai ressenti dans cette auberge de jeunesse des impressions que je n’avais jamais eues dans toutes les autres auberges que j’ai pu expérimenter. On avait là-bas le sentiment étrange et magnifique de faire partie d’un groupe d’amis de tous les pays d’Europe qui louent à 20 une maison dans un pays étranger. Il y avait une telle ambiance, une telle émulation spontanée, une telle harmonie dans ce groupe ! C’était beau, simple et naturel.
En foulant le jardin de l’auberge, on y découvre immédiatement des gros 4X4 d’aventuriers parés pour les pires conditions routières, des motos dignes du Dakar et des vélos de randonnées comme le mien.
On se sent immédiatement en terrain connu. On y entend à tout moment des rires, des cris de joie, parfois des chansons, rarement le silence. On y sent à plein nez des odeurs de tabac, des évaporations d’alcool et des émanations de bons plats préparés pour la communauté. Dès l’arrivée les sens sont en éveil et les talents sociaux sollicités.
Les gens ne nous connaissent même pas, mais on fait déjà partie de la famille : on nous parle, nous pose des questions et il faut de préférence intégrer à ses réponses des bons mots et faire preuve de vivacité d’esprit, ça plaît et on est intégré définitivement dans la joyeuse bande composée de toutes les nationalités possibles, incluant ce vieil Aldo et le camarade Harry qui a rejoint l’auberge sur mes recommandations (ce fameux cycliste anglais que j’ai accompagné dans le désert de l’autre côté du Kazakhstan).
Nous prenons nos repas tous ensemble, regardons la coupe du monde, sortons dans des bars locaux, faisons des balades dans les parcs, mangeons des glaces, apprécions ne rien faire ensemble, buvons des bières jusqu’à plus soif, mais pas assez pour ne plus être capables de retrouver la route de l’auberge de jeunesse…
Ce furent de beaux moments d’amitiés sincères mais, nous le savons, éphémères. C’est peut-être d’ailleurs pour cela que nous étions tous plus relâchés, détendus, comme portés par l’impression d’être à sa place. Mais quelle place ? Tout simplement celle de la vérité, celle où l’on ne triche pas, cet instant de jouissance où l’on montre notre vrai visage.
Nous étions comme des enfants dans une cour de récréation sans aucun jeu d’apparence. Les règles du jeu sont redéfinies, on a rebattu les cartes et l’on peut choisir d’être qui l’on veut… alors autant être soi-même, c’est si rare !
Quand on se fiche du jugement de l’altérité, ne sommes-nous pas plus nous même ? Être véritablement soi-même, sans filtre, est encore assez mal vu par la société qui nous environne, le voyage ouvre certaines portes vers la libération de notre être intérieur et extérieur, saisissons ces chances sans mesure.
Mais trêve de philosophie de comptoir, passons à la ville d’Almaty.
Ville dotée d’une richesse qui contraste avec la pauvreté de certaines zones du pays à un point qui met mal à l’aise. La ville est moderne, très verte, constamment irriguée de petites rivière arrivant tout droit de la montagne, les voitures de luxe et les chaînes de magasins occidentaux rutilants se marient avec les pubs irlandais, pizzerias et autres coffee shops aux prix délirants (en référence aux autres prix pratiqués dans le reste du pays).
La vie y est très agréable, l’air est respirable et la proximité des sommets enneigés à plus de 4000 mètres apporte une impression d’évasion à chaque fois que nos yeux croisent la vue des cimes blanchies par la neige.
Il faut dire que les montagnes sont vraiment très proches. Les premiers sommets à 4000 mètres sont à une vingtaine de kilomètres de la ville et le premier 5000 mètres est à plus de 30 kilomètres… A peu près la distance de l’aéroport CDC au centre de Paris. Imaginez le Mont Blanc à Roissy !
Cet emplacement de la ville conditionne des caractéristiques assez peu communes. La ville est littéralement au pied des montagnes, ce qui fait qu’il y a plus de 500 mètres de dénivelée entre le nord et le sud de la ville. Toutes les rues sont en côte, et il est assez habituel de se laisser porter par la descente à vélo sur une avenue pendant plusieurs kilomètres sans avoir besoin de pédaler… Le retour est en revanche plus douloureux…
Pédaler… tiens ça me dit quelque chose… il va falloir que je reprenne la route, car je me suis confortablement reposé et cette ville n’a plus rien à m’offrir.
Plus la pause est longue, plus il est dur de repartir, mais il faut y aller. Go, go go !
>>> ETAPE SUIVANTE : 93. Affronter la steppe à vélo (KAZAKHSTAN)
Ça n'est un secret pour personne, l'Amérique du Sud regorge de paysages magnifiques et de…
Que l'on soit dans un hostel de Douchanbé d'Osh, de Bishkek ou même de Bakou,…
Vous adorez voyager à vélo, mais vous avez envie de partir à la découverte de…
Quelle plus belle manière que le vélo pour découvrir un pays ? Le cyclotourisme est…
Vous recherchez un itinéraire vélo européen dépaysant qui tutoie la nature sauvage, les grands espaces…
Vous avez déjà testé toutes les eurovélo routes et vous recherchez un peu de nouveauté…
View Comments